New York, Avril 2012
QG des Illuminati
Salle d'entraînement

Je n'ai pas encore tout à fait pris mes marques par ici. Je ne suis pas là depuis si longtemps que ça, j'ai beaucoup de choses à apprendre et le fait d'avoir l'impression de n'être qu'un pion dans la maison de par mes aptitudes informatiques, je me pose parfois la question de savoir... Est-ce que j'ai fait le bon choix ? Pourtant, il n'y a pas de doute. Je suis nourrie à ma faim, je fais un petit peu ce que je veux, quand je veux et où je veux. J'ai mon propre laboratoire ! D'accord, il est un petit peu petit, mais ce n'est pas trop grave, je suis heureuse dedans, du moment qu'on me laisse tripoter des circuits et un peu de chimie.

Mais aujourd'hui, on m'a donné le droit d'assister à quelques entraînements pendant une heure. Normalement, je n'ai pas le droit d'être là mais je dois confectionner des combinaisons pour les agents, j'ai beaucoup d'idées en tête mais je ne suis pas encore certaine de comment m'y prendre, aussi j'ai demandé la permission d'être ici. Et je dois reconnaître que j'ai été plutôt impressionnée.

Je vis autant d'hommes que de femmes sur le moment. De là-haut, perchée derrière ma vitre, je les observai attentivement, les mains sur la surface qui nous séparait. En fait, même mon nez appuyait ce qui devait me donner un air ridicule avec ma paire de lunettes. Mais j'étais fascinée. Tous ces muscles qui roulaient, je me demandai alors où trouvaient-ils cette force de soulever de tels poids ou d'en envoyer dans les airs. ma force à moi résidait dans ma tête, dans mon cerveau et mon QI... Mais malgré toute l'intelligence que je pouvais déployer, sur le terrain, je ne pourrais jamais survivre plus de 5 minutes, contrairement à eux.

Alors quand je vois qu'au fond, une bagarre est sur le point d'éclater, j'écarquille les yeux autant de curiosité que de surprise. Les Illuminati sont réputés pour leur sang chaud malgré leur discipline hors pair, bien que n'atteignant pas celle des Templiers, des ouïe dires. Sur le moment, je me mis à parier qui allait le remporter. n'entendant pas bien dans le brouhaha, je me mis même à jouer aux devinettes sur le motif de la dispute.

(De la sorte, tu peux être à mes côtés comme instructeur ou ce que tu veux, ou bien dans la bagarre !)

La salle était peut-être en ébullition à cause du combat qui se menait dans le fond, mais Alrik n’en avait cure.
Il venait d’arriver au moment où ça avait commencé le combat. Sauf que pendant ce temps, lui trainait en haut, dans le dos de Shea, dans la verrière.
Il était en grande discussion avec un maitre d’arme Illuminati et la moindre des choses qu’on pouvait remarquer, c’était que l’échange était aussi mouvementé qu’en bas, bien que la différence principale était que c’était verbal.

Il fini par saisir l’homme par le col avant de le forcer à le regarder dans les yeux plusieurs longues secondes.
Il relâcha lentement sa prise et tourna les talons, se plaçant à coté de la jeune femme.
Il ne portait pas le costume habituel de la cabale, ni son cuir traditionnel, mais une tenue plus décontractée qui consistait à un pentalon ample, un débardeur sombre et les attaches en cuir de sa masse runique qui se croisaient sur son torse.
Mis a part un torque sur le biceps gauche et le tatouage qu’on voyait apparaître sur le bras opposé, il n’y avait rien d’autre.

Ses yeux sombres étaient posés sur le combat en contre-bas.

La jeune femme pouvait remarquer qu’il n’arborait aucune expression pendant de longues minutes, mais finalement, il fit un geste de la tête vers eux et s’adressa a elle sans la regarder pour autant.

- Tu n’as pas envie de rejoindre la masse ? se contenta t-il de dire sobrement.

J'avais bien entendu que cela se disputer dans mon dos mais j'avais choisi de me contenter de baisser les yeux. Après tout, je n'étais rien, ici, juste un technicien ouvrier. Cependant, lorsque je l'entendis à mes côtés, je me raidis quelque peu avant de jeter un oeil sur l'homme à mes côtés. Je l'avais déjà remarqué une ou deux fois, de loin. Ce genre de stature, il y en avait pas mal, par ici, mais pour beaucoup, c'était du flan, du mensonge, du show... Un festival. Pour lui, cela semblait... Différent. Ce qui ne changeait pas, c'était la froideur à laquelle j'étais confrontée. Comme à chaque fois. Et sa remarque me pris quelque peu au dépourvu.

Je reportai mon regard sur la bagarre, que certains tentaient d'apaiser, et je me tordis les lèvres. Moi ? Rejoindre la bagarre ? Il m'avait bien regardée avec mes kilos en trop dus à la flemingite et au manque de sport ? J'eus un léger rire moqueur.

_ Je suis pas une femme de terrain moi, je suis un rat de laboratoire.

Puis je grimaçai, montrant la bagarre et relevai les yeux sur lui, inquiète.

_ Confectionner des combinaisons de combat pour ces toutous là va s'avérer plus difficile que prévu... J'avais pas prévu de quoi renforcer les coussinets...

L'humour, quelque peu sarcastique, était une de mes spécialités. Il m'arrivait même de l'utiliser un peu au mauvais moment. Ca aussi, c'était une de mes spécialités.

Il continuait de fixer la rixe, plus par réflexe que par intérêt, l’œil attiré par le mouvement et par les interactions, sans même vraiment chercher à regarder qui était au centre de l’action.
Quand Shea lui souligna qu’elle n’était qu’un rat de laboratoire, il se contenta de hausser les épaules ce qui eu pour effet de faire se lever la masse également.
C’était le genre de jouet qui mélait puissance magique ancienne et technologie, avec sa tête en pierre et ses runes luisante mais son manche rétractable et télescopique qui devait donner – une fois déployé – un arme à deux mains des plus beau effet.

- Il n’y a pas de sot métier, dit-il donc d’un ton neutre. Une arme pour chaque main, une main pour chaque poste.

Il prit le temps de réfléchir, encore une fois l’air ailleurs que dans la pièce.
Alrik n’était pas du genre à débiter tout ce qui lui passait par la tête, trop de vécu et d’action pour ça. Mais à sa remarque sur les imprévus d’une telle bande de zouave, il tourna finalement la tête vers elle.
Encore une fois, le geste était précis, mais les yeux et l’attention… ce n’était pas vraiment ça. Il la voyait sans la voir.

- Ton travail est aussi important que le gars qui crée les armes ou encore celui qui les manies. Tu es dans un endroit où chaque personne à un but et si la Cabale t’as offert un poste, c’est que tu dois être plus que méritante.

Il laissa un blanc de quelque seconde s’installer.

- Tu t’adapteras. Quand bien même ça devrait être des coussinets en Kevlar.

_ Mon métier est loin d'être sot. Je dis juste qu'avec des énergumènes dans ce genre, c'est plus que de l'anthropologie que je dois mettre en oeuvre pour comprendre leurs besoins. Ce dont ils ont besoin et comment.

Mais les derniers mots d'Alrick me firent un effet étrange. Du Kevlar ? De la bouche de cet homme-là, cela me paraissait assez ironique. Et pourtant... Je me suis sentie soudainement idiote de ne pas y avoir pensé plus tôt. A dire vrai, j'y avais pensé mais dans un recoin de ma tête me disant qu'il n'y en avait peut-être pas par ici. Réflexion stupide de ma part de penser que les Illuminati n'étaient pas assez puissants pour posséder cette matière en assez grande quantité pour que je puisse leur confectionner des "uniformes" adéquats.

_ J'ai une idée.

Mais je n'étais pas n'importe quelle fille et fort heureusement, on ne m'avait pas recrutée pour ce que j'étais réellement mais uniquement pour mes compétences. J'avais beaucoup de sobriquets par ici. Mon préféré restait "Tron", "l'Électronne". J'étais assez unique et d'une autre planète pour eux que je méritais un nom qui n'appartenait pas aux humains. Je bénéficiais de ces petits noms d'extra terrestres à cause de mes absences, de ma tête en l'air et de mes sautes d'humeurs en terme de conversations. Pour eux, je n'étais pas normale, complètement folle et hors du temps et de l'espace. Mais j'étais excellente. La meilleure dans mon domaine. Et pour ça, ils me supportaient même s'ils restaient loin de moi. Alors avoir un des leurs à mes côtés, là, à m'adresser la parole à moi, la pariât du Labyrinthe.

_ Vous êtes ici depuis longtemps ? Vous n'allez pas éviter qu'ils s'écharpent ? Vous êtes quoi, en fait, un instructeur ? Un recruteur ?

Il éclata d’un rire chaud et puissant, mais très court également, finalement juste un éclat.
Alrik avait une image a entretenir après tout.
Sa face se dérida légèrement cependant.

- Pourquoi les séparer ? Nous sommes une Cabale. Le but de notre ordre est d’être soudé par des liens fort qui ne briseront pas une fois au combat. La haine, l’amour, l’amitié, tout ça ce sont des attaches importantes.

Il ne le savait que trop bien. Il avait entretenu des années durant une forte rivalité avec un jeune homme qu’il ne pouvait pas voir en peinture. Pourtant, ça ne l’avait pas empêché de prendre les armes a ses cotés et de triompher lorsqu’Innsmouth avait été attaqué par des monstres invoqué par mégarde par un groupe de jeune sot.

- Je ne suis qu’un Soldat. Ni Instructeur, Ni recruteur. Je suis partisan du libre arbitre. Il m’arrive de devoir faire un peut de tout quand on me le demande, mais ce n’est jamais que pour suivre les ordres à la lettre que je le fais… pas par gaité de cœur.

Il soupira légèrement, mais assez fort pour qu’on puisse l’entendre à plusieurs mètres de distance. Il paraissait un Holster vide de cuir sombre à sa ceinture de façon visiblement plus machinale qu’autre chose.

- Tu es déjà passé sur le terrain ? Si tu veux vraiment sauver des vies… tu devrais faire des missions pour voir des conditions de survie extrême, pas des combats entre roquets…

Je sursautai à son rire, même bref. Haussant les sourcils, je portai mon regard sur lui. Quel étrange bonhomme que de rire à mes paroles ! C'était bien la première fois que je faisais rire quelqu'un, par ici. Ecoutant ses paroles, je reportai mon attention sur la bagarre qui semblait enfin bien vouloir se calmer, une femme séparant deux des hommes en colère. Une femme pas bien grande à la peau brune et aux yeux noisette de ce que j'en voyais et une longue natte dans le dos. Parfois, j'aurais aimé être comme elles. Dans leur treillis d'entraînement et leur débardeur, leurs muscles roulaient sous leurs omoplates et j'en étais jalouse. Pour ma part, j'avais des kilos en trop, une masse musculaire proche de la limace - vous me direz, c'est déjà pas mal, ça se mange bien, il paraît - et mes fringues bizarroïdes... Je n'avais de fille que mes longs cheveux bruns et mes doigts fins. Et ma voix ! J'avais une voix de fille. Mais elles... Quand bien même faisaient-elles des choses d'homme, elles en gardaient toujours leur féminité. Pour ma part, j'étais juste... Hybride. Mi homme mi machine !

_ Et bien moi, je ne suis rien de tout ça. Ni soldat, ni instructeur ni administrateur ni rien du tout ! Je ne suis que euh... Bah moi. Shea, la laborantine. Celle dont on ne connaît pas le nom, juste qu'elle fait des supers gadgets pour les missions !

Mais à sa proposition, ce fut mon tour de rire. Je le regardai comme s'il racontait une bêtise pour se moquer de moi. Pourtant, il ne sembla pas rire et je perdis mon sourire amusé.

_ Qui ça moi ? Ah nannnnn nan nan nan... hors de question que je mette les pieds dehors. Vous avez vu ces trucs ?! Parfois, y en a qui me les ramènent au laboratoire pour que je les analyse avant de les faire mon rapport aux chercheurs. Moi, j'sors pas là-dedans, comptez pas sur moi.

Femme de terrain ? Moi ? Je m'esclaffai.

La dernière tirade de la jeune femme eu le don de faire perdre son ombre de sourire à Alrik.
Ses traits se tirèrent de nouveau et il retrouva son attitude figée et vigilante.
Un nouveau soupir, cette fois, quelque chose de presque imperceptible et de doux pour accompagner sa réflexion.
Une fois qu’elle avait fait son chemin, il dit à brule-pourpoint.

- J’ai connu des gens comme vous. Notez bien que j’ai ‘’ connu ‘’ des gens comme ça.

Il tourna le dos à la vitre, à présent que le spectacle était fini, il se concentra sur les personnes présentes dans la galerie d’observation, laissant la lumière vive de la salle d’entrainement dans son dos.

- A Innsmouth, pendant mes études. Des gens dans leurs laboratoires, qui se disaient hors des dangers du monde et de ses secrets, qui préféraient les étudier plutôt que les affronter. Vous avez entendu parler des différents accidents qui ont eu lieu là-bas, non ? Vous avez les bases de l’Ordre je suppose.

Ses doigts se crispèrent dans leurs mitaines, faisant crisser le cuir sous ses phalanges.

- Ils sont mort les premiers, soit les Théurgiste pendant l’invocation des Démons dans les laboratoires, où les gens non préparés quand ils déferlèrent dans les couloirs. Vous avez vu ces créatures… Imaginez une horde dans des couloirs à peine assez haut pour les laisser passer, des hurlements, des coups de feu et des sorts de tout les cotés. Vous ne voudriez pas être préparée à ça ?

Il tourna la tête vers elle. Il n’était pas froid, pas même distant ou autre. On voyait qu’il savait de quoi il parlait. Du moins, il affectait d’en avoir l’air. En tout cas, il était sérieux et pensait vraiment ce qu’il disait à la jeune femme, à savoir qu’un entrainement même minimum était vital dans cette guerre.

- Vous êtes une scientifique, soit, mais vous restez une scientifique-militaire tout de même.

Sa réaction me pris au dépourvu. Je m'accroupis, néanmoins, pour fouiller dans mon sac à la recherche de mon carnet pour prendre des notes. Avec le kevlar, j'avais quelques idées. Je sentais sur mes épaules, peser le poids de la morale de cet homme-là. C'était comme si je venais de dire quelque chose d'aberrant et que je venais de faire surgir "Mr Exactitude". Alors, bien entendu, j'étais parfaitement d'accord avec lui. Et je comprenais ce qu'il voulait dire. Absolument ! Je regardais les infos. Je parcourais le monde dix fois plus vite que d'autres. Je connaissais mes sujets sur le bout des ongles. Cependant, il y avait des paramètres qu'il ne prenait en compte.

Mon carnet dans les mains, mon sac à terre où mon PDA en peluche dormait encore, je me redressai pour le regarder. Je pinçai les lèvres et haussai les sourcils avant de lever une épaule de dépit.

_ Je suis maladroite. Je veux dire, très maladroite. Une fois, aux entraînements, quand je suis arrivée ici, ils ont tenté de me faire tenir une arme. J'ai brisé un vase en cristal jusqu'à la baie vitrée. Heureusement, ils m'ont pas demandé de payer. Ils ont tenté de me faire courir genre footing tous les matins, je me suis fait une entorse à la cheville. Ils ont aussi essayé de me faire maîtriser la magie élémentaire... J'ai fait cramer un laboratoire. Donc vous voyez... Moi, le terrain.

Je tiquai en une grimace et haussai les épaules.

_ C'est pas mon truc. de plus, avec moi aux commandes, les laboratoires sont bien gardés. C'est pour ça que j'ai été recrutée. Chacun à son poste et les monstres seront bien cachés. Je ne suis pas militaire. Je ne suis même pas fille de sergent ! Je suis juste douée en langage informatique. Je suis capable de pirater une banque Coréenne avec un dentifrice à la fraise. C'est moi qui contrôle les portes d'Agartha dans ce quartier.

J'ouvris mon carnet pour commencer à prendre des notes, jetant parfois quelques regards aux soldats à l'entraînement.

_ Mais j'entends ce que vous dites. Mais si je devais mourir, je préfère encore le fait en tentant de sauver les meubles plutôt que bêtement parce que je ne sais pas viser sur le terrain avec vos machins à poudre.

Alrik la regardait et surtout l’écoutait sans broncher.
Sans broncher ne voulait pas forcément dire sans écouter, ni même comprendre ce qu’elle lui disait cependant.
Visiblement, elle était figée dans son idée.
Quand elle eu fini, il porta la main à son dos et les sangles jouèrent un instant sur ses muscles avant de se calmer quand il reporta sa main vers l’avant, sa masse dans la main.

Entre eux deux, l’objet n’était pas plus long qu’un marteau. On aurait dit une de ces vieilles masse d’arme médiévale que les chevalier portaient à leur ceinture et sensé brisé les os au corps à corps.
Il attendit de capter son attention et fit un geste sec du poignet.
L’arme s’étira avec un bruit purement mécanique jusqu’à atteindre une longueur égale à celle d’une lame Batarde. Les trois longs blocs de pierre qui étaient au sommet s’étirer et semblèrent s’allonger. En quelques secondes, l’arme était passée d’une arme d’appoint à une masse à deux mains du plus bel effet.
Un bruit électrique parcourut le manche et des runes se mirent à briller sur les pierres, les couleurs dansant du rouge au jaune en passant par le orange ou le violet. En y regardant de plus prêt, on décelait de la magie, mais aussi un miroitement typique des prototypes holographique de pointe.

Quand il déplaça ses doigts sur le manche, la jeune femme put apercevoir des emplacements sombres qui captaient visiblement les empreintes digitales et privé de leurs doigts, la masse retrouva sa longueur de marteau classique.

Alrik baissa le bras et la regarda.

- Elle a été crée en alliant un mélange de Technologie de pointe et de magie runique ancienne… La personne qui l’a confectionnée n’a put le faire qu’en parcourant le… les mondes. Je respecte votre façon de voir, c’est juste que je n’arrive pas à la comprendre.

Pour lui qui avait toujours connu un mélange d’action et réflexion, se voir cantonner dans une petite pièce était inimaginable.
Il avait cru devenir fou pendant les années qu’il avait passé de retour chez ses parents… alors vivre et travailler en sous-sol, sous la lumière des néons et uniquement rythmé par ce qu’annonçait sa montre ou son téléphone… niet.

Il y a deux choses qui me rendent dingue : le chocolat et la technologie. Quand je dis dingue, c'est vraiment hors de moi. C'est à dire que je deviens quelqu'un d'autre, totalement étrangère à ce que je peux être dans des périodes normales - si tant est qu'il y en ait. Quand je le vis bouger à côté de moi, je tournai la tête brièvement avant de voir l'engin. Ma tête fit volte-face d'un coup sec et mes yeux restèrent figés sur l'arme. Des comme ça, je n'en avais pas vu mais certains avaient leur propre arme qu'ils fabriquaient selon leurs connaissances. Personnellement, je m'amusais à les démonter pour en faire de nouvelles, plus perfectionnées. Et une arme comme celle-ci, je n'en avais encore jamais vu. La seule chose qui me passait par la tête, c'était comment j'allais pouvoir lui démonter son jouet s'il me le lassait une minute de trop.

Mais je pouffai de rire à sa dernière remarque.

_ Il n'y a rien à comprendre. J'ai une spécialité, vous avez la vôtre et chacun dans notre domaine, nous brillons, voilà tout. Pour ma part, ce n'est sûrement pas le maniement des armes, voyez-vous. Par contre... je les répare très bien. Je les fabrique, aussi. Je suis en charge de l'armement du Labyrinthe tout entier. Comment vous dire...

Je levai les mains en inspirant profondément.

_ Moi...

Je cherchai quelque chose pour lui expliquer et finit par me pencher pour attraper mon sac et en sortir une boule de poils.

_ Moi, je fais ça. Je suis bonne à ça ! Vous me montrez vos jouets, je vous montre les miens ! Ca, c'est mon rayon, c'est en ça que j'excelle.

A force de mouvement, la boule de poils se mit à remuer jusqu'à se dévoiler derrière une énorme queue blanche touffue. On aurait dit un chat aux yeux bleus croisé d'un renard des neiges et d'un ours polaire. Parfaitement fluide dans ses mouvements, il n'était pas sans rappeler ces jouets d'une certaine époque : les Furby.

Le Vicking eu un crissement de main sur sa masse quand il vit la boulle de poil prendre vie.
Voilà des choses qui n’étaient VRAIMENT pas son truc.
Il renifla bruyamment et leva les yeux sur la jeune femme.

- Des jouets… ‘’ Chacun ses jouets ‘’ vous me direz. Vous n’auriez pas tord.

Il recula d’un pas et se dirigea lentement vers l’ascenseur qui menait à la salle en contre-bas.

- Ne prenez pas mal ce que je viens de vous dire. Ce n’était pas le but. J’ai juste un franc parlé qui est plus exacerbé que d’autre dans cette cave où la loi du silence est maitresse. Ironie de la chose, c’est ce manque de communication qui a fait défaut à notre race le moment venu.

Il leva lentement le poing et pressa d’un doigt lourd le bouton d’appel de l’élévateur qui se colora instantanément de rouge.

- Vous avez beaucoup de travail je suppose, pas vrai ? Je pense que j’ai besoin d’entrainement pour ma part. Evacuer et me vider l’esprit.

Enfilant mon sac en travers de ma poitrine, je rangeai mon carnet à l'intérieur pendant que Jiva se posait sur mon épaule. Sans lui, je ne serais plus grand chose. Il était mon bébé, ma perfection. Avant tout un prototype et aujourd'hui... mon meilleur ami. Je suivis cet homme très curieux avec sa masse - m'en ferait-il cadeau un jour ? - et ce, sans même lui demander son avis. Trottinant derrière lui, j'arrivai à sa hauteur et extirpai ma queue de cheval coincée dans la hanse de mon sac dans mon dos.

_ Et oui, chacun ses jouets. Et oui, j'ai beaucoup de travail ! Mais pas de cobaye.

Et sur ce, alors que la porte s'ouvrait en grand, je lui offris mon plus beau sourire immense. C'est vrai que je manquais de cobayes pour mes essais. Pas parce que les gens avaient peur ou pas confiance. Non, juste parce qu'ils n'avaient pas le temps ou qu'ils me faisaient un petit peu trop confiance. Du coup, je restais enfermée dans mon laboratoire et je les testais moi-même.

_ J'ai revu les manches d'une série de couteaux pour les rendre plus légers et maniables au lancer ! Ca vous permettrait de vous entraîner et moi de m'aider ! En plus, on s'ennuie dans mon aquarium à machines. Et puis peut-être que vous pourriez faire mon mannequin pour la combinaison qu'on m'a commandée ?

Je sautai dans l'ascenseur sans m'arrêter de parler pour le suivre où qu'il aille. J'avais trouvé une oreille un tant soit peu attentive.

Quand l’ascenseur se referma, Alrik posa ses yeux sur elle.
Il n’avait pas prévu ça.
Du moins… il n’avait pas prévu d’être suivi et pour le coup, il avait deux créatures à ses basques.
Quand elle lui parla de tester ses gadgets, il leva sa mitaine droite, laissant juste apparaître ses premières phalanges et siffla entre ses dents, couvrant le vrombissement de l’ascenseur.

- Vous avez vu ce qui s’est passé là-haut ?

Il pointa son index vers le plafond de la cabine, indiquant la pièce qu’ils venaient de quitter.

- Je me prenais la tête avec le Maitre d’Arme parce que je ne voulais pas entrainer ses recrues supplémentaire. Cette base est une usine à bleu tellement énorme qu’on pourrait ouvrir une fromagerie, vu les temps qui courent, ça se comprend… mais ça ne fera pas de moi un fromager pour autant.

Il termina sa phrase par un regard entendu, visiblement… il n’y avait que lui qui y entendait quoi que ce soit. Et il s’en aperçu d’ailleurs, donc il se reprit.

- Bref. Je suis ici pour m’entrainer, me vider la tête en quelque sorte. Je ne suis VRAIMENT pas d’humeur à tester les gadgets. Un autre jour, un autre monde, une autre époque, pourquoi pas… aujourd’hui. Non.

Il pencha la tête sur son épaule gauche et fixa Shea. Encore une fois, ce qu’il venait de dire n’était pas sur le ton de la méchanceté, c’était juste sa façon de s’exprimer qui était directe et aussi franche que les gens de son pays natal.

Quand l’ascenseur arriva en bas dans la salle d’entrainement, il en fut aveuglé. La lumière tamisée de l’ascenseur avait habitué ses yeux à la pénombre et voilà qu’il se retrouvaient dans une chambre blanche.
Il soupira une nouvelle fois et se massant la nuque d’une main, fit un pas dans la pièce.

Je me mis à bouder. Fin de joie. Il ne voulait pas venir me tenir compagnie. Aussi étrange que cela puisse paraître aux autres, Jiva était toujours lié à moi, génétiquement parlant. Ce que je ressentais, il le ressentait. Aussi, ma moue fut imitée par la sienne. Cependant, je le suivis encore au sortir de l'ascenseur.

_ Et pourquoi pas ? Vous pourriez me dire ce qui convient ! Ou vers quel chemin m'orienter ! Vous avez peur de quoi, que je vous fasse mal ? Oh allons, ce n'est qu'une petite piqure ! Ca me permet d'établir votre genre, et vos besoins en matière génétique. Ainsi, je vous créé une seconde peau ! Vous êtes alors plus à l'aise lors de vos missions. De plus, c'est moi qui vous suit, vous ne risquez rien, je suis la meilleure dans mon domaine. De plus, j'ai Jiva !

Moi, fatigante ? Une paille. J'en avais conscience mais rien ne pouvait m'arrêter. Quelqu'un m'avait apporté un tant soit peu d'attention.

_ Laissez tomber votre dispute, je ne vous parle pas d'entraîner qui que ce soit. Mais de vous attirer mes faveurs afin d'atteindre la perfection en matière de combinaison de combat. Ce n'est pas parce que je ne vais jamais sur le terrain que je ne sais pas de quoi vous avez besoin. Non ?

Je savais être exaspérante des fois et j'adorais embêter ce genre de bonhomme. En général, ils boudaient et quand ils avaient besoin de moi et bien... Ils avaient besoin de moi.

_ Dites, vous savez grimper aux arbres ?

Il se porta machinalement la main aux tempes, les yeux fermés.
Déjà que la pièce le faisait atrocement souffrir. En plus, il venait de déclencher un moulin à parole.
Malgré l’envie de hurler qui montait de ses entrailles, il retint les mots Norvégien qui lui vinrent à la bouche.
Il se contenta de soupirer une nouvelle fois et tourna la tête vers elle.

- Je ne suis pas un Cobaye, c’est tout. Je comprend le travail que vous faite… si je vous disais qu’à part le symbole de notre clan dans le dos, je n’ai aucune armure standard de la base ? Je suis fais de Bric et de Broc…

Il prit le temps de réfléchir sur ce qu’il venait de dire et une ombre de sourire réapparut sur son visage.

- Littéralement…

Il renifla bruyamment et se contenta de faire jouer ses doigts sous la courroie qui lui barrait l’épaule gauche.

- Je sais grimper aux arbres, oui. Depuis que je sais tenir debout. Dans la région où je suis né, il n’y avait pas grand chose d’autre à faire qu’explorer la nature. Alors en matière de survie, j’ai de bonnes bases…

Pourquoi avait-elle posé cette question d’ailleurs ?
Une nouvelle fois, il porta les yeux sur elle, puis sur sa créature. Mais ne dit plus rien.

Je secouai la tête en roulant des yeux.

_ D'accord, d'accord, j'ai peut-être pas utilisé le bon mot. Parlons de Beta testeur ! Vous auriez pu tester les derniers trucs que je faisais ! Je sais que la plupart des gens me trouvent farfelue, mais après tout, c'est plus drôle comme ça, non ? Si je vous expliquais comment fonctionne votre montre avec des vrais termes, vous vous pendriez avant la fin de la journée. Alors que si je l'explique à ma petite façon à moi, et bien... Au moins, vous avez le sourire !

J'acquiesçai en le suivant, où qu'il aille puis j'entrepris de passer à l'étape suivante. Jiva se retenait de sauter sur mon interlocuteur pour aller lui renifler la masse et sûrement d'autres choses qu'il portait. J'étais certaine que ce gars-la avait quelque chose qui pourrait m'être utile. Jiva enroula sa queue autour de mon cou pour tendre le sien vers Alrick. Je n'y prêta même pas attention, après tout, cette bestiole faisait bien ce qu'elle voulait. Avant, je n'avais pas l'autorisation de la montrer ainsi. Mais depuis que la Terre avait changé, ces dernières semaines, cet accident à Tokyo, j'en avais eu l'autorisation. En montrant ce dont j'étais capable, je donnais la possibilité de montrer ce dont les Illuminati étaient capables.

_ Qui vous a fait votre arme ? C'est sûr que c'est pas moi, en tout cas. C'est genre électronique, chimique, mécanique ? Je peux la regarder ?

La curiosité était un très vilain défaut, mais pour ma part, c'était une seconde nature. Je décontenançais les gens parce que je ne m'en cachais pas. Pourquoi ? Après tout, aucune question n'est idiote, non ? J'aimais tout savoir, tout apprendre. J'avais toujours l'impression de ne posséder que de maigres connaissances. Alors quand j'avais vu sa masse, c'était comme une occasion de parfaire mon savoir en matière d'armes.

Il se contenta d’un coup d’œil par dessus son épaule pour la regarder et ses yeux s’arrêtèrent un instant sur la créature à son épaule.
Il allait activer son espace d’entrainement, mais se souvient qu’elle était derrière, il se contenta donc d’un signe de la main pour lui signifier de rester derrière lui. Et a bonne distance il espérait.

Il activa la masse au moment où elle fit la remarque sur l’arme.

- C’est un condensé de tout ce qui fait de nous ce que nous sommes ! Forgé par l’armurier personnel de ma Famille de Salem…

Une créature virtuelle fit irruption non loin de lui, plus grande de deux mètres que lui et envoya ses griffes énormes vers lui.
Il fit s’étendre la masse d’un coup sec et esquiva l’attaque avant d’envoyer l’arme sur le poignet de la créature.

- La famille Darmont.

Il se mit à faire une petite danse autour de l’hologramme, jouant de la masse, la faisant tournoyer d’un geste du poignet.

- Pourquoi vous intéresse t-elle tant que ça ?

A son geste, je restai en arrière, non sans continuer de l'observer. Tant qu'il ne me fichait pas dehors, c'est que j'avais le droit de rester, non ? Convaincue de cela, je restai, un sourire accroché à mes lèvres, les mains tenant la bretelle de mon sac en travers de ma poitrine. Dans ma tête, je confirmai mon idée qu'il me fallait trouver une matière assez souple et agréable pour épouser des mouvements pareils. Et pourtant, il fallait aussi que je conjugue ça avec quelque chose d'esthétique. Je doutai, sur l'instant, que Alrick apprécie de porter des collants moulants. En fronçant les sourcils, sans l'écouter car j'observais plus ses mouvements qu'autre chose, j'imaginai quelque chose d'assez costaud. Restait à savoir comment ne pas le rendre lourd. Un peu de cuir pour les renforcements, quand même...

Soudain, je me rendis compte de sa question et clignai des yeux comme pour revenir parmi les vivants.

_ Euh... Et bien parce que je me dois de comprendre comment fonctionne chaque arme si je veux en refaire moi-même pour notre faction. Et puis pour ma culture. Je ne me contente pas de regarder ce que font les Illuminati, je cherche aussi à comprendre. Les armes, pour moi, ce sont comme des jouets. C'est mon dada, quoi ! Je ne sais peut-être pas viser mais je sais démonter et remonter un fusil à pompe en moins d'une minute trente.

Ce à quoi je lui souris. J'étais aussi bonne en électronique qu'en mécanique. Ma mère n'a jamais compris d'où me venait ce génie. Personnellement, j'ai toujours été assez fascinée alors je me dis que ce qu'il sait passé depuis Tokyo n'a fait que renforcer ce dont j'étais déjà capable. Maintenant, j'étais réellement un élément précieux pour les Illuminati. Et visiblement, pas que pour eux. Repenser à ce hacker qui me traquait depuis plusieurs jours, maintenant, me fit perdre mon sourire assuré et fit place à une légère crainte. Ce n'est jamais appréciable de se sentir observé et surveillé, surtout par quelqu'un d'inconnu et sans en avoir le coeur net.

_ Vous voyez, quoi...

Ses pieds glissèrent sur le sol alors qu’il envoyait une nouvelle attaque vers la création virtuelle, la créature accueillant l’impact avec un bruit de cassure qui gonfla Alrik de Satisfaction.
Le coup avait porté à l’épaule et la créature avait maintenant un bras ballant.
Profitant du temps mort, il s’adressa de nouveau à Shea.

- Ne pas chercher à crée en copiant d’autres choses déjà vue…

Sa main gauche lâcha l’arme et il plia le genou pour bondir droit dans la gueule de la créature, tirant quelque chose de sous son manteau qu’il jeta dans les yeux de la créature avant de lui assener un coup de masse qui l’étalât littéralement sur le sol.
Une bouillie de pixel accueilli son atterrissage et il dévisagea Shea un poil plus brutalement qu’il ne l’aurait fait en temps normal.
Il rangea sa masse dans la courroie dans son dos et se massa l’épaule.

- Crée la surprise, c’est la clef. Si tu crée quelque chose en copiant, tes ennemis s’adapteront bien plus vite que si tu crée quelque chose d’original et d’inattendu.

Il ferma et rouvrit son poing.

- La clef de la victoire, c’est la surprise, c’est comme ça depuis des millénaires, il n’y a pas de raison que les évènements récents changent quelque chose à ça… non ?

Il leva un sourcil d’interrogation vers elle.

Je me sentis presque insultée. Je n'étais pas une copieuse. Encore moins pour des armes comme celles-ci. Mais seilles devaient figurer dans un arsenal, alors il fallait que je sache comment les confectionner. Croisant les bras, je fronçai les sourcils.

_ Je n'ai jamais parlé de copier, j'ai parlé d'apprendre le fonctionnement de toute chose.

Il l'écouta sans vraiment plus l'observer en train de bouger. Elle avait vu ce dont elle avait besoin, maintenant, elle devait réfléchir au "comment" et au "quoi". Mais Alrick venait de la toucher dans son intégrité de geek scientifique.

_ je ne suis pas un mouton et je ne copie jamais ce que je vois. Cependant, je n'ai pas une science infuse et je suis en perpétuel apprentissage. Des comme ça - dis-je en désignant son arme - je n'en ai jamais vu. Comment est-ce que je peux perfectionner les armes de notre arsenal si je ne sais ni comment ça doit fonctionner, ni comment ça doit se tenir en main ? Je n'apprends pas de la théorie mais de la pratique. Je n'ai pas créé cet assistant personnel géant - dis-je en désignant Jiva sur mon épaule d'un pouce - du jour au lendemain parce que j'ai eu une bonne inspiration.

Je roulai des yeux.

_ Oui bon d'accord, si, mais avant tout, il m'a fallu démanteler de biens nombreux assistants personnels, des peluches, des tonnes de circuits mécaniques et électroniques pour river à ce résultat et regardez !

Je pris Jiva entre mes mains qui se mit à ronronner - curieux, hein ? - et le portai à bout de bras vers Alrick. Sa queue s'enroula sur elle-même comme un tire-bouchon entre ses pattes et ses grands yeux bleus inquiets roulèrent en scrutant tout Alrick.

_ Ils vous apparaît banal, à vous ?! Je l'ai copié, selon vous ?!

Oh oui... Vexée, je l'étais.