Des mots, il y en a eu tellement. Des mots ou des maux. Des sensations, aussi. Autant de temps que de pensées et pourtant un fil qui s'étend avant de se casser. Un avenir incertain, un passé flou et un présent sans nom. Une vie qui passe et un corps qui faiblit. Et la Terre. Ronde, concentrique, qui tourne, tourne, qui jamais ne se retourne. Elle seule perdure, continue, gravite, évolue entre le passé et le présent en passant par le futur. Elle seule sait, elle seule demeure.
Ici, point d'ombre, point d'arbres, un brûlant soleil unique au-dessus de nos têtes, engageant, parfois meurtrier, un guide à suivre et à éviter comme la peste. Laquelle de peste, la noire, la rouge, la blanche, la jaune, la chocolat au lait ? Autant de magnifiques couleurs associées à autant de peuples ennemis. Qu'est-ce qui est noir, rond et qui fume comme un pompier ? Un canon scié du bout duquel vient de tomber une âme tantôt innocente, tantôt criminelle. Qui, mieux que l'Homme, peut déterminer du mérite d'un autre Homme à mourir ? A achever sa vie, juste comme ça, perçant un trou de la taille d'une pièce de monnaie entre ses deux yeux, sens vital afin de reconnaître ses proches, la couleur du ciel que l'on regarde avec autant de curiosité, la couleur si rare des feuilles d'arbres, l'iris d'une femme qui vous sourit...
Et en une fraction de seconde, tout est noir, vide, plus rien n'existe, il n'y a plus de vie, plus de sens, plus d'émotions. Que celle du passé, inlassable, répétitif, comme une leçon qui ne veut pas rentrer dans nos têtes. Pendu à une corde, une tête sur un pic, les bras en croix... Peu importe qui, quoi, comment, tout ce qui compte c'est le où : ce sable chaud, d'or et d'ambre qui vous brûle les pieds voit vos ennemis, tout comme vos amis, tomber.
Un doigt frémissant, une mèche de cheveux raide au vent, un t-shirt battant l'air, le bruit d'un sable mouvant. Il ne reste rien.
Je suis le dernier debout. Je suis le dernier vivant.
Je viens d'un passé qui a été oublié. Et je me présente à un futur auquel je n'appartiendrai jamais. Pourtant, en mon nom règne le passé, le présent et le futur.
Celui qui a le contrôle du passé a le contrôle du futur, celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé.
- Pascal
Le Coeur des Croisades
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